• Portrait de Rafik Selim – De la Banque Mondiale au FM, le début d’une carrière prometteuse

    Publié le 24 février 2014

    Rafik SelimRafik Selim, diplômé de la FESP en 2011, est actuellement analyste de recherche au département du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale au FMI, Washington. Il nous raconte dans cette interview son parcours académique et professionnel ainsi que son analyse du rôle joué par le FMI à l’égard de l’économie égyptienne.

    Vous avez été diplômé de la FESP en Juillet 2011, qu’avez-vous fait par la suite ?

    Après avoir obtenu mon diplôme en juillet 2011, j’ai eu l’opportunité de commencer ma vie professionnelle en tant qu’assistant de recherche au bureau du Caire de la Banque mondiale, au département Réduction de la pauvreté et gestion économique. Cette expérience m’a convaincu de l’importance du rôle joué par les institutions financières internationales. Cela m’a incité à partir aux Etats-Unis, en mai 2012, dans le but de travailler au siège de l’une des institutions financières internationales. Il m’a fallu un an pour atteindre cet objectif.  En avril 2013, j’ai rejoint le FMI comme analyste de recherche, au département du Moyen-Orient et de l’Asie centrale.

    « La qualité de la formation de la FESP se reflète par le fait que je n’ai rencontré aucun problème pour la validation des cours lors de mon inscription au Master et pour postuler au FMI. »

    En quoi consiste exactement votre poste?

    Mes missions sont principalement liées à la gestion et l’analyse de données. Je recherche, collecte et compile des données provenant de différentes bases de données internationales et commerciales ainsi que des données fournies par les autorités des pays. De plus, je fournis une assistance de recherche aux équipes d’économistes travaillant sur les différentes thématiques liées aux pays de la région du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Je prépare également des tableaux, des graphiques et des analyses, et contribue à la rédaction de différents rapports publiés par le FMI.

    Comment vous êtes-vous orienté vers ce domaine?

    Cela s’est passé progressivement. Passionné par les mathématiques et les chiffres je me suis spécialisé en économie et j’ai choisi la statistique comme spécialité mineure. Cela a été d’une grande utilité me permettant d’être à l’aise avec les chiffres. Les compétences et les connaissances acquises lors de ma formation me servent beaucoup dans mon travail quotidien. Les conférences de méthodes en économie m’ont été vraiment très utiles. Je me sers beaucoup de ce que nous y avons appris dans mon travail quotidien. Par ailleurs, en troisième année, le cours d’économétrie m’a permis de découvrir la façon dont les chiffres et les données peuvent être traduits en conclusions économiques importantes. L’opportunité de travailler au bureau de la Banque mondiale en tout début de carrière professionnelle, m’a convaincu du domaine dans lequel je souhaite m’investir. J’aimerais profiter de cette occasion pour remercier Chahir Zaki dont je me suis inspiré et à qui je dois beaucoup de ce que j’ai accompli jusqu’à présent. Il a dirigé mon mémoire de recherche et m’a énormément aidé dans ce processus. En outre, je lui suis reconnaissant de m’avoir encouragé à postuler à la Banque Mondiale.              

    Vous êtes actuellement inscrit en Master d’Economie appliquée à l’Université Johns Hopkins, Ecole Krieger des Arts et des Sciences. Parlez-nous un peu de ce Master.

    Je m’y suis inscrit à temps partiel, parce que l’application de l’économie dans la vie pratique est le domaine qui m’attire le plus. L’économie est devenue de plus en plus omniprésente et évolue rapidement. Cela exige des personnes de plus en plus qualifiées, spécialisées dans l’analyse et l’interprétation des données économiques et capables d’utiliser leurs compétences pour contribuer à la prise des décisions économiques importantes, aux échelles nationale et mondiale. Je crois que ce Master d’Economie appliquée est une formation riche et solide qui m’aidera à réaliser mes aspirations professionnelles.

    Que retenez-vous de vos années d’études à la FESP ?

    J’ai beaucoup profité de mes années à la faculté. La qualité de la formation de la FESP se reflète par le fait que je n’ai rencontré aucun problème pour la validation des cours lors de mon inscription au Master et pour postuler au FMI. Tous les cours qui m’ont permis de comprendre comment adapter les acquis théoriques au monde réel, étaient, de mon point de vue, d’une grande importance.

    Comment souhaitez-vous évoluer?

    Pour les deux à trois prochaines années je voudrais gagner le plus d’expérience possible au sein du FMI. Je tiens également à compléter mon diplôme et poursuivre un MBA. Après cela, je suis impatient de retourner en Egypte pour utiliser ce que j’ai appris ainsi que l’expérience que j’aurai acquise afin de pouvoir contribuer à l’amélioration du système économique égyptien qui connait beaucoup de difficultés en ce moment.

    Comment évaluez-vous la situation économique et financière en Egypte ?

    L’incertitude politique et les troubles sociaux ont conduit à une faible croissance du PIB pour la troisième année consécutive depuis la révolution de 2011. Ils ont aussi influencé négativement la performance des politiques économiques et assombri les perspectives économiques. Selon le produit vedette du FMI, intitulé « Perspectives de l’économie mondiale », publié le 7 octobre 2013, le taux de croissance annuel du PIB réel en Égypte était de 2,2% en 2011/12, et est estimé à 1,8% et 2,8% en 2012/13 et 2013/14 respectivement. L’indice des prix à la consommation était de 8,6% en 2011/12 et devrait être de 6,9% en 2012/13 et de 10,3% en 2013/14. Le rapport prévoit que le taux de chômage est passé de 12,3% à 13,0% entre 2011/12 et 2012/13, et qu’il sera de 12,8% en 2013/14. Les principaux risques auxquels le pays fait face actuellement et qui auront certainement une influence sur les perspectives d’avenir sont plutôt des risques liés à l’instabilité interne ; l’incertitude politique accrue et la nouvelle escalade de la violence qui pourront réduire la confiance et accroître les pressions externes et budgétaires. Cependant, le soutien financier des pays du Golfe devrait aider l’Egypte à répondre à ses besoins de financement au cours des prochains mois. Il a aussi créé une certaine marge de manœuvre pour un plan de relance budgétaire des dépenses d’investissement supplémentaires, ce qui soutiendra la croissance et créera des emplois.

    Quel rôle joue le FMI dans la reformulation structurelle de l’économie égyptienne ?

    Selon le discours de Christine Lagarde, directrice générale du FMI, le Fonds s’est engagé à aider l’Egypte à faire face à ses défis économiques et financiers, qui sont le taux de croissance faible, le taux de chômage élevé, le déficit budgétaire élevé et la position extérieure fragile. La mission du FMI comprend 3 rôles essentiels : la surveillance, l’assistance technique et l’assistance financière. Depuis le début de l’agitation politique en janvier 2011, le FMI n’a pas été capable d’accomplir sa mission. D’une part, l’assistance financière du FMI donne aux États membres l’appui qui leur est nécessaire pour remédier à leurs problèmes. L’Egypte n’a eu aucun programme d’assistance financière depuis 1993. Selon Mme Lagarde, le FMI n’a pas reçu de demande de financement de la part des autorités égyptiennes, mais étudiera une telle demande si elle était formulée.

    En ce qui concerne la surveillance, et en vertu de l’article IV des statuts du FMI, ce dernier tient des discussions bilatérales avec ses membres, habituellement chaque année. Une équipe d’experts rend visite au pays, recueille des données économiques et financières, et s’entretient avec les responsables à propos de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, l’équipe prépare un rapport. La dernière visite et rapport pour l’Egypte datent des mois de mars et d’avril 2010. Selon la directrice générale, le Fonds propose de procéder à une visite aux mois d’avril prochain. Par ailleurs, le FMI est prêt à fournir une assistance technique dans des domaines d’intérêt pour l’Egypte, par exemple le TVA, la politique fiscale, les subventions à l’énergie et la gestion des finances publiques.

    « La mission du FMI comprend 3 rôles essentiels : la surveillance, l’assistance technique et l’assistance financière »

    En quel sens les changements politiques en Egypte ont influencé les politiques du FMI à son égard?

    Le FMI  adopte le même point de vue que celui de la communauté internationale – en particulier celui des pays représentant une majorité dans les droits de vote du FMI – en ce qui concerne la reconnaissance de la légitimité du gouvernement intérimaire en Egypte. Les points de vue des pays membres ne sont devenus évidents qu’au cours du mois de septembre dernier, suite aux déclarations publiques et aux actions des pays membres, notamment celui de l’invitation offerte à l’Egypte pour assister à la réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies, et le discours que le ministre des Affaires étrangères y a fait. Par suite, le Fonds a commencé récemment à avoir contact avec le gouvernement intérimaire, et la directrice générale a fait les remarques que j’ai mentionnées précédemment.

    Avez-vous d’autres occupations ? Qu’est-ce qui vous passionne de plus dans la vie ?

    En ce moment, je me concentre sur la réalisation de mes objectifs liés à mon travail et à mes études. Aussi, je profite de mon expérience à l’étranger pour découvrir de nouvelles cultures et de nouveaux modes de vie. Finalement, je continue à faire du sport et des activités extracurriculaires. Je joue au volley-ball, je pratique l’escalade de montagne et je voyage une fois par mois pendant le week-end pour visiter les autres Etats américains. L’année dernière, j’ai eu l’occasion de faire de nouvelles aventures et j’ai essayé pour la première fois le parachutisme et le saut à élastique.

      

    Entretien recueilli par Nahed AlaaEldin Shalan